Privat d'Anglemont, Alexandre (1815-1859)

Originaire de la Guadeloupe, Privat d'Anglemont vint à Paris pour ses études et y resta, se consacrant à la littérature. Il fut toute sa vie bohème, vivant pauvrement, noctambulant et s'intoxicant. Il écrivit sur les petits métiers et les coins pittoresques parisiens. Il fit aussi de la poésie, mais il semble qu'il ait eu l'habitude de publier sous son nom des poèmes de ses amis. Car il cultiva bien des amitiés, comme celles de Baudelaire et Banville. Il était souvent accompagné par un autre bohème du nom de Coligny. Son dernier livre, Paris inconnu, a été publié par son ami Alfred Delvau.

Banville dit de lui, dans Mes Souvenirs: "il a été surtout célèbre comme bohême extrêmement pauvre, et comme menteur infatigable, inouï, d'une invention prodigieuse". Puis il ajoute:

Privat d'Anglemont a donné à sa vie le résultat qu'il avait médité et choisi. Il l'a entièrement dépensée à faire les études nécessaires à son livre: Paris inconnu, qui reste pour l'avenir un ensemble de documents inestimables, et au dernier moment, avec une parfaite connaissance du sujet, vécu par lui minute à minute, il a écrit le livre, d'un style ferme et sobre.

Dans sa préface de Paris anecdote, Charles Monselet écrit:

On le disait homme de lettres, et en cela on avait un peu raison; il s'était frotté aux jeunes gens de son époque, particulièrement à ceux dont il avait été le condisciple au collège Henri IV, mais la littérature n'a jamais été sa principale occupation, excepté dans les années qui précédèrent sa mort. Sa principale occupation a été de vaguer par les rues et de s'attabler, comme a dit son camarade Delvau, à la table d'hôte du hasard; puis encore d'être le plus parfait noctambule qu'on ait vu florir sous le dôme étoilé de Paris.

Dans son étude sur la vie de Privat, mise au début de Paris inconnu, Delvau nous dit:

On ne descend pas impunément dans les profondeurs du gouffre parisien. On n'explore pas impunément ces bas-fonds sociaux où grouillent tant de monstruosités. Privat d'Anglemont vivait du Paris inconnu, et le Paris inconnu l'a tué.


Bibliographie:

J'ai fait ce bouquin parce qu'il m'était utile de le faire, et parce qu'il n'est pas de livre inutile. Cela fait toujours vivre les compositeurs, les marchands de papier, les brocheurs, les libraires, et quelquefois les auteurs. Ce qui est fort respectable.

Privat d'Anglemont
Introduction de La Closerie des lilas
Paris inconnu, 1861


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