Souvenirs d'un enfant de Paris

Les Années de bohème

Dans cet extrait du chapitre onze de la première partie du premier tome de ses Souvenirs, Bergerat nous parle de ses amis, peintres et écrivains, qui se retrouvaient dans l'atelier du peintre Léon Glaize, rue de Vaugirard.

C'est là que se donnèrent, sous la direction de Léon Hennique, je crois, ces fameuses charades bibliques, où Guy de Maupassant et Paul Déroulède, entre autres, figurèrent comme comédiens improvisés et dans lesquelles il y avait des interprétations de l'Ancien Testament dont l'orientalisme plutôt hardi ravissait à l'extase ce grand enfant qu'était Gustave Flaubert. Certaine mise à la scène de l'histoire de Joseph vendu par ses frères, et où les chameaux jouaient un rôle prépondérant, quoique muet, ont laissé à ceux qui y assistèrent le souvenir d'un « mystère » médiéval comme on n'en fait plus depuis le douzième siècle, même en chambre. Maupassant y était prodigieux et Déroulède y tenait l'emploi de chamelier en chef de la caravane.

Quand on me demande d'où date le Naturalisme, je n'hésite pas à répondre qu'il est né chez Léon Glaize, peintre d'histoire, et que c'est Léon Hennique, et non un autre, qui l'a tenu sur les fonts.

Etc.

Dans ce second extrait, tiré du chapitre treize, il nous présente ses collègues du Figaro, alors qu'il y débutait, autour de l'année 1865. On peut y voir que déjà il tournait autour du milieu parnassien.

A l'encontre de son beau-père, si rébarbatif aux porte-lyre, l'excellent Bourdin, fin lettré d'ailleurs, raffolait des jeux du Pinde. Pas un numéro du Figaro du jeudi qui n'offrait son bouquet de rimes à la clientèle. Les plus huppés d'alors à l'exercice, Théodore de Banville, Ernest d'Hervilly, Sully-Prudhomme, Catulle Mendès, Alphonse Daudet, Paul Arène, et bien d'autres encore, s'y encadraient entre les chroniques, fantaisies, critiques d'art, contes et récits des Henri Rochefort, Aurélien Scholl, Charles Monselet, Édouard Lockroy, Eugène Chavette, Alphonse Duchesne (Junius), Jules Vallès, Charles Bataille, Alfred Delvau, et c'était le régal hebdomadaire de la ville. Ferdinand Fabre et Léon Cladel ont publiés là leurs plus beaux romans.

Etc.

Émile Bergerat
Souvenirs d'un enfant de Paris
1911-13



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