Verlaine, Paul (1844-1896)


Né à Metz et très tôt éprie de poésie, il débute sous l'égide du Parnasse avant de paver la voie au Symbolisme. La peinture de Fantin-Latour le dépeint en début de carrière, alors que se noue son aventure avec Arthur Rimbaud et avant leur fuite en Belgique. La fin de la vie de Verlaine sera précaire. Il souffrira d'alcoolisme, mais sera unanimement encensé par ses pairs, étant élu Prince des poètes.

Bibliographie:

  • Poèmes saturniens (1866)
  • Les Fêtes galantes (1869)
  • La bonne chanson (1870)
  • Sagesse (1874 à 1880)
  • Amour (1888 et 1892)
  • Poètes maudits (1884, article)
  • Jadis et naguère (1884)
  • Parallèlement (1889)
  • Liturgies intimes (1892)
  • Épigrammes (1894)
Portrait de Paul Verlaine




Il fut des nôtres, jadis. Il a été nourri dans une obscurité douce, par une veuve pauvre et de grande distinction, au fond des paisibles Batignolles. Comme nous tous, il fit ses études dans quelque lycée et, comme nous tous, il devint bachelier après avoir assez étudié les classiques pour les bien méconnaître. Et, comme l'instruction mène à tout, il entra ensuite dans un bureau, dans je ne sais quel bureau de la Ville. En ce temps-là, le baron Haussmann accueillait largement, sans le savoir, dans les services de la préfecture, les poètes chevelus et les petits journalistes. On y lisait les Châtiments à haute voix et on y célébrait la peinture de Manet. Paul Verlaine recopiait ses Poèmes saturniens sur le papier de l'administration. Ce que j'en dis n'est pas pour le lui reprocher. Dans cette première jeunesse, il vivait à la façon de François Coppée, d'Albert Mérat, de Léon Valade, de tant d'autres poètes, prisonniers d'un bureau, qui allaient à la campagne le dimanche. Cette modeste et monotone existence, favorable au rêve et au travail patient du vers, était celle de la plupart des parnassiens. Seul ou presque seul dans le cénacle, M. Jose-Maria de Heredia, bien que frustré d'une grande part des trésors de ses aïeux, les conquistadores, faisait figure de jeune gentleman et fumait d'excellents cigares. Ses cravates avaient autant d'éclat que ses sonnets. Mais c'est des sonnets seulement que nous étions jaloux. Tous, nous méprisions sincèrement les biens de la fortune. Nous n'aimions que la gloire, encore la voulions-nous discrète et presque cachée. Paul Verlaine était, avec Catulle Mendès, Léon Dierx et François Coppée, un parnassien de la première heure.

Anatole France
La vie littéraire, tome III (extrait)
À lire en entier sur L'Encyclopédie de L'Agora



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