L'auteur nous raconte les malheurs de Maurice Petit, premier président et fondateur des Hirsutes. Cependant les séances continuaient, toujours intéressantes. Les Lorin, les Icres, les Rollinat et tout l'et cetera de l'ancienne littérature hydropatesque étaient revenus, grossissant insensiblement la jeune phalange des Hirsutes. Un grave symptôme, toutefois, se manifestait, prenant de jour en jour une menaçante importance: le président « manquait de prestige ». Très myope, il ne pouvait s'apercevoir des grimaces et des pieds de nez qui accueillaient, dans la salle, ses avis et communications. Certaines maladresses de langage l'avaient peu à peu livré tout vif à la férocité de la bande fumistes qui le guettait dans l'ombre. Un incident vint mettre le feu aux poudres. Un soir que grondait le tumulte, inapaisé par les « un peu de silence messieurs » de sa voix très peu impérative, Maurice — s'imaginant très perspicace de l'ouïe s'il était sourd de l'oeil — crut reconnaître la basse taille de Vivien1 qui bourdonnait dans un groupe. Il trouva l'occasion bonne pour faire un coup d'état, et, debout sur l'estrade, l'oeil clignotant derrière ses lunettes très d'aplomb sur le nez, il éclata : — « Monsieur Vivien, je vous prie de vous taire.
Ce « je vous la retire » eut un succès colossal et toute la séance se ressentit de l'agitation dont fut cause cette façon au moins imprudente de retirer la parole à des Vivien qui ne l'avaient pas. À partir de ce jour, le pauvre Maurice devient la proie de la bande fumiste. L'estrade auréolée des Sapeck2, des Décori, des Allais3, des Sénéchal, etc., devenait, tout les soirs de séance, l'émule de la table de Robert Houdin. Le battant de la sonnette disparaissait, décroché par une main invisible, et le chambard ambiant, que s'essayait à gourmander cette pauvre sonnette aphone, prenait des proportions d'ouragan. Etc. Léo Trézenik 1 - Paul Vivien (1858-1931) était un des fondateurs des Hydropathes et le rédacteur en chef du journal du même nom. |
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