Mirbeau prend l'occasion d'un voyage en automobile pour nous parler des Français, des Belges, des Hollandais, des Allemands et, tenant des premiers et des derniers, des Alsaciens. Ce livre démontre sans aucun doute qu'il n'aimait souvent pas ce que, de son propre aveux, il ne connaissait pas vraiment. Voyons ce qu'il nous dit d'un peuple qu'il connait bien. ... En voyage, nous ne cessons, nous autres de France, de nous moquer des familles allemandes, anglaises, italiennes, que nous rencontrons sur notre route, et qui, souvent, nous donnent l’exemple de la santé physique et de la bonne éducation. Avec une joie féroce et un imbécile orgueil, nous nous complaisons à relever, toujours à notre avantage, ce que nous appelons leurs ridicules, leurs tares, qui ne sont, peut-être, que des vertus... Mais il est entendu que rien n’est beau, élégant, pétulant, spirituel, rien n’est intelligent que de France. Les grands hommes d’autre part ne sont que de plats copistes, de honteux plagiaires. Dickens doit tout à Alphonse Daudet, Tolstoï à Stendhal... Ibsen est, tout entier, dans La Révolte1 de — Les Allemands, monsieur?... quel peuple de sauvages!... Ils ne comprennent pas un mot de français... Ah! si pourtant nous songions quelquefois à mirer, dans nos familles à nous, nos infériorités de race, nos descendances d’alcooliques, de syphilitiques, notre lourdeur, notre stupidité haineuse ou jobarde? Cette fois, en considérant cette famille de mon pays, attablée près de nous, j’y songeai, avec quelle douloureuse humilité! Etc. Octave Mirbeau 1 - Drame en un acte composé par Villiers en 1869, refusé au Gymnase, représenté au Vaudeville le 6 mai 1870, éreinté par la critique, et retiré de l’affiche après cinq représentations. Il traite de la vaine tentative d’émancipation d’une femme mariée. (note originale de l'édition) |
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