L'auteur nous raconte les lectures qu'il a faites enfant et qui ont été déterminantes pour sa vocation. Nous passons de l'écrivain méconnu qu'il est aux écrivains oubliés qu'il lisait. Tout a commencé quand il a trouvé le premier tome de Les trois Gil-Blas de Lamartelière1 sous une chaise du Palais-Royal. Il le lit, puis retrouve sa propriétaire. … Quoi qu'il en soit, la petite vieille dame me laissa lire en paix mon second tome des Trois Gil-Blas, et, fidèle à sa promesse, les jours suivants, elle m'apporta les deux derniers volumes, que je dévorai comme les premiers. Maintenant, cette lecture eut-elle vraiment de l'influence sur mon esprit? Décida-t-elle réellement de ma vocation? Je le crois, car, à compter de cette époque, moi qui, jusque-là, m'étais montré assez indifférent à ce sujet, je ne pus voir un livre sans désirer aussitôt de le lire. Il y avait chez nous quelques romans classiques: Don Quichotte, le Diable boiteux, Gil-Blas, le vrai Gil-Blas; je n'eus pas de cesse qu'on ne me les eût prêtés. Pour m'être agréable, mon beau-père me procura les oeuvres de Ducray-Duminil2 et de Mme Cottin3. Ai-je assez tremblé en lisant Victor ou l'Enfant de la forêt, et Coelina ou l'Enfant du mystère! Ai-je assez pleuré sur Malvina et Amélie de Mansfield! Mais pleurer ou trembler était moins dans mes goûts que rire. Les Trois Gil-Blas avaient porté coup; le genre gai, naturel, était mon genre de prédilection. Aussi quelle joie pour moi quand, trois ans plus tard, je lus les Barons de Felsheim, de Pigault-Lebrun4! Lamartelière m'avait indiqué la voie, Pigault me la traça. On a dit que je l'avais imité; dans mon premier roman, et mon plus faible, l'Enfant de ma femme; c'est vrai. Et quel est l'écrivain dont le début n'a pas été une imitation d'un auteur favori? Mais, ensuite, j'ai l'orgueil d'avoir été moi. Qu'on compare. Pigault écrivait d'imagination, moi, j'ai écrit d'après nature. Il inventait… moi, je n'ai jamais raconté que ce que j'ai vu. Enfin, Lamartilière et Pigault-Lebtrun aidant, voilà comme quoi, à dix-sept ans, j'écrivis, tout d'une haleine, deux volumes que, d'un commun accord, tous les libraires se refusèrent à éditer. Etc. Paul de Kock 1 - Jean-Henri-Ferdinand Lamartelière (1761-1830) était surtout dramaturge et le traducteur de Schiller. |
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