Nos parents sont de pauvres gens,
Des travailleurs presque indigents.
Nous rêvions, bien que tout petits,
De nous promener dans Paris.
La nuit nous demandions au ciel
De nous montrer la tour Eiffel.
Un soir, ma soeur me dit: « Demain,
Il faudra nous mettre en chemin.
Au petit jour, nous partirons;
A Paris, tout droit nous irons. »
Et nous partîmes sous le ciel,
Pour aller voir la Tour Eiffel.
Trente jours, nous avons marché;
Dans les bois nous avons couché;
Pour manger, le long du chemin,
Aux passants nous tendions la main.
Et nous regardions sous le ciel,
Cherchant partout la Tour Eiffel.
A Montmartre étant l'autre soir,
Nous aperçûmes dans le noir
Une étoile qui scintillait.
C'était le phare qui brillait.
Et tous deux, assis sous le ciel,
Nous regardions la Tour Eiffel.
Le matin, un monsieur très bien
Nous donna deux tickets pour rien.
Jusqu'au soir, admirant la Tour,
Nous avons tourné tout autour.
Nous sommes au septième ciel,
Nous avons vu la Tour Eiffel!
Jules Jouy La Chanson des joujoux 1890 |