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à Félicien Champsaur
Oh! comme elles sont belles, les damnées,
Sous le patchouli, le cold-cream, le fard!
D'un stupide orgueil toujours couronnées,
Voyez-les passer sous la gaz blafard :
Oh! comme elles sont belles, les damnées!
Voyez-les passer, gracieusement,
Amas de velours et de mousseline,
Balançant, dans un mouvement charmant,
Leur croupe, avec la souplesse féline;
Voyez-les passer, gracieusement.
Quelles belles nuits promettent ces femmes!
Oh! les poings crispés, les muscles ardents,
Obscènes sanglots, ivresses infâmes,
Délires sans noms, grincement des dents...
Quelles belles nuits promettent ces femmes!
Oh! mordre leur gorge et lécher leurs seins!
Oh! sentir leur chair ferme et bien nourrie,
Leur chair blanche antant que les blancs coussins
Se tordre et bondir sur le lit qui crie!
Oh! mordre leur gorge et lécher leurs seins!
Voyez-les passer, lionnes et louves,
Dardant fièrement leur regard vainqueur.....
— Étouffe ces chauds désirs que tu couves,
Et que tu ne peux combler, ô mon coeur! -
Voyez-les passer, lionnes et louves!.....
Fernand Crésy Les Fauves 1880 |
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