Théophile Gautier sur Arsène Houssaye


Arsène Houssaye ne s'est fixé sous la bannière d'aucun maître. Il n'est ni le soldat de Lamartine, ni de Victor Hugo, ni d'Alfred de Musset... Aujourd'hui, il peindra au pastel Ninon ou Cidalise; demain, d'une chaude couleur vénitienne, il fera le portrait de Violantes, la maîtresse du Titien. Si le caprice le prend de modeler en biscuit ou en porcelaine de Saxe un berger et une bergère rococo enguirlandés de fleurs, certe il ne se gène pas. Mais, le groupe posé sur l'étagère, il n'y pense plus; le voilà qui sculpte en marbre une Diane chasseresse ou quelque figure mythologique dont la blancheur se détache d'un fond de fraîche verdure. Il quitte le salon de lumière pour s'enfoncer sous la verte obscurité des bois, et quand, au détour d'une allée ombreuse, il rencontre la Muse, il oublie de retourner à la ville, où l'attend quelque rendez-vous donné à une beauté d'Opéra.

Théophile Gautier dans
Rapport sur le progrès des Lettres
par MM. Sylvestre de Sacy, Paul Féval, Th. Gauthier et Ed. Thierry
(1868)



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