Joachim du Quesnoy est un homme du monde, du grand monde. C'est aussi un être vaniteux, qui ne cherche que la richesse et le succès, mais par la voie facile : le jeu, les faveurs et les entreprises financières douteuses. Il vient d'être ruiné par son homme d'affaire, qui l'a roulé d'un demi-million de francs. Dans cet extrait, il combine comment se sortir du gouffre où il vient de tomber. ... Puis les combinaisons pour remonter à flot revinrent à son esprit. Il avait encore l'affaire Popeland parmi ses ressources. La baronne Guyons reviendrait à la charge auprès du ministère, il l'y pousserait en dépit d'elle-même, il saurait entraîner aussi le vicomte Ballot. Il trouverait bien de plus le moyen de réunir, de ressaisir dix, quinze, vingt mille francs. Il en avait trois mille dans son secrétaire, il les compta et les mit sur sa table. A la prochaine échéance de fermages et de rentes de sa femme, il toucherait près de quinze mille francs. Telles gens lui devait qui mille, qui quinze cents francs depuis longtemps; il irait battre le rappel d'une restitution chez tous. Et en un mois, à la Bourse, on pouvait doubler la somme ainsi amassée, en deux mois la quadrupler, en trois... il prit la plume et fit des chiffres interminables... Il y avait des systèmes presque sûrs pour gagner à la Bourse. Avec un esprit fin et sagace surtout! Et puis, on pouvait tenter la chance de Bade encore! Et quand le gain acquis d'une façon ou de l'autre serait raisonnable : cent cinquante, deux cent mille francs par exemple, on renoncerait à ces aléas et on entrerait dans une voie de bénéfices plus sûre, plus légitime, en lançant ses fonds dans quelqu'une de ces opérations commerciales d'outre-mer où l'on réalise parfois de fabuleux bonis. Eh, oui! Il y avait cent façons de se tirer d'affaire! Il jeta sa plume en l'air, comme un maréchal qui lance son bâton de commandement dans les lignes ennemies, et, la tête empourprée, les artères battantes, le pouls bondissant, la poitrine gonflée, il alla s'étendre sur son lit. Etc. Edmond Duranty |
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