Une troupe de théâtre ambulante vient d'arriver à Château-Thierry. On répète pour les représentations. Théodore, violoncelliste amateur, doit accompagner Victorine, la jeune première, dans une chanson. A dix heures du matin, Théodore entrait à l'auberge du Soleil-d'Or, sa basse sous le bras, en demandant mademoiselle Victorine. On lui indiqua le no 18. Il frappa. — Entrez, répondit-on. Théodore ouvrit la porte. — Ah! pardon, dit-il, en restant sur le seuil. Victorine était encore au lit. — Tiens, c'est vous, mon ami. Quelle heure est-il donc, dit-elle en étendant les bras. Le jeune homme parut étonné de l'aspect de la chambre. C'était comme une maison au pillage. Cinq malles fermées étaient groupées dans un angle; au milieu de la pièce deux malles ouvertes semblaient avoir été fouillées par une bande de voleurs. Des brochures de théâtre, vieilles, neuves, déchirées, raccommodées, gisaient sur une table, sur la cheminée; un chapeau de soie montait à l'assaut d'un chapeau de velours. Sur la table de nuit se voyait une pipe et du tabac, près d'une boîte ouverte, où des poignards, des colliers, des bracelets, des couronnes, des décorations montraient au jour leur fausseté de jeton. Enfin une macédoine d'objets d'un accouplement peu naturel expliquait assez l'étonnement de Théodore, élevé dans la bourgeoisie par une mère soigneuse. — Prenez une chaise, dit Victorine... Ah! reprit-elle en riant, vous êtes un peu surpris de tout ce remue-ménage, nous n'avons pas eu encore le temps de ranger... Otez ce qu'il y a sur cette chaise, mettez-le n'importe où. Théodore avisa une chaise, veuve par hasard de vêtements. — Asseyez-vous près du lit. Nous causerons un moment. Vous êtes bien aimable d'être venu... c'est la meilleure preuve que vous m'avez pardonné.
Victorine soupira... La porte s'ouvrit. Etc... Champfleury |
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