Champfleury traite surtout ici du temps où il écrivait des pantomimes au théâtre des Funambules, mais il ajoute quelques souvenirs de jeunesse et quelques textes de fiction. Voici ce qu’il nous dit d’un de ses amis que nous connaissons peut-être mieux sous le nom de Schaunard. L’occasion est trop belle pour que je ne donne pas ici le portrait d’un ami qui ne m’a guère quitté depuis dix ans, et qui s’est jeté avec moi corps et âme dans la musique, dans la faïence, dans les chansons populaires, dans la peinture naïve. Joignez à cela un vif sentiment de la littérature, une ardente curiosité pour la médecine, une sensibilité toute allemande qui ferait croire qu’il a un harmonica dans le coeur, une vive supériorité sur les femmes, des mélodies franches et mélancoliques à la fois, une grande gaieté de caractère, un certain laisser-aller dans la toilette, un nez remarquable, et vous aurez mon ami Schann’ tout entier, quittant le chevalet pour le piano, et se demandant à toute heure du jour: « Suis-je peintre ou musicien? » De l’art il n’a pris que le dessus du panier, et il a laissé les inquiétudes, les soucis, les tristesses, les amertumes, qui sont au fond. Tel est mon brave ami Schann’, qui doit certainement une partie de sa gaieté à l’influence permanente des polichinelles suspendus au plafond de son père, fabricant de joujoux, rue aux Ours. Champfleury |
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