De cette collection de personnages, que le titre décrit fort bien, je tire ce peintre romantique. De 1828 à 1834, les galeries du Louvre présentèrent un aspect original. Ce n'étaient que chapeaux pointus, longs cheveux, longues barbes, cheveux ras et vêtements à prétention moyen-âge. Tel portrait de van Dick crut avoir devant soi son modèle plutôt que son copiste. Quelques moines espagnols eurent violente envie de descendre de leurs cadres pour converser avec leurs frères. Canonnier fréquentait cette bande d'artiste (sic) chevelus qui faisaient cause commune avec les littérateurs de 1830. Pendant que les littérateurs traitaient Racine de polisson, Canonnier à la tête de quelques exaltés ne parlait de rien de moins que d'envoyer aux greniers du Louvre les toiles de David, de Guérin et de Girodet. … Puis nous ayant annoncé que Canonnier "envoyait, bon an, mal an, au Salon, sept ou huit toiles de toutes grandeurs" et que "le jury avait l'impudeur de n'en admettre aucune", Champfleury ajoute: Canonnier priait un de ses amis de lui prêter son atelier pendant le Salon, et il ouvrait une petite exposition particulière. On y voyait généralement des scènes de Faust, de Shakspeare (sic) qu'il n'avait jamais lu, des tentations, des sabbats, des danses de morts, des scènes de folies et autres sujet à l'usage de l'école romantique, qui croyait avoir le génie de Delacroix en se servant de ses motifs. Les quelques personnes assez heureuses qui ont pu être admises à ces exhibitions se souviendront souvent de la peinture romantique de Canonnier. L'homme dont parle Hoffman (sic), qui croyait exécuter sur un violon sans cordes les fantaisies les plus idéales, peut seul faire comprendre le désordre de cette peinture. C'étaient des flots de couleurs, violents, des grattages de palette qui étaient censés représenter un sabbat, une danse des morts, ou Faust, ou Ophélia. La peinture de décors, vue de près, aurait paru de la miniature à côté des toiles de Canonnier. Etc... Champfleury |
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