Le jeune Chien-Caillou, recueilli à dix ans par une bande de rapins, graveur autodidacte amoureux de l'oeuvre de Rembrandt, vit dans une mansarde — comme il se doit — et a rencontré la veille ses voisines de palier, deux soeurs joyeuses et pauvres. Le lendemain, Amourette vint réveiller Chien-Caillou en grattant à sa porte. — Voisin, venez vite déjeuner. Nini a rapporté toutes sortes de bonnes choses. N'oubliez pas d'apporter le lapin. Amourette était rentrée sans attendre la réponse. Chien-Caillou se leva, prit Petiot dans ses bras et sortit. En ouvrant la porte de ses voisines, il fut frappé de l'odeur qui errait dans la chambre. Le lapin dressa les oreilles et agita son nez mobile. Sur une petite table était un plat contenant force côtelettes dont la chaleur s'échappait en fumée. Les côtelettes dorées nageaient dans une sauce appétissante, parsemée ça et là de cornichons d'un vert joyeux. A côté des côtelettes s'élevait une pyramide de pommes frites, sur lesquelles une main prudente avait dispersé les grains argentés de sel nécessaire. Chien-Caillou, qui n'avait jamais assisté à pareil festin, ouvrait de grands yeux étonnés. — À table, voisin, dit Amourette, à table, pendant que tout est chaud! Tout le monde s'assit sur le lit et mangea avec plus d'appétit que la veille. Il y avait aussi par terre une certaine bouteille de vin qui redoubla la gaieté de l'assemblée, peu habituée aux capiteux. ... — Ah! dit Chien-Caillou, si j'avais mon bateau!
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