Heureux ceux qui s'en vont sur des chevaux fougueux,
Par le vent emportés dans les vallons en feux,
Jusque dans le trépas harceler la fortune!
Comme au soleil d'hiver étincelle un glacier,
Sur leurs cols vigoureux les cuirasses d'acier
Resplendissent au clair de lune.
Qu'ils sont beaux ces guerriers, dans la mort résolus!
Ils volent franchissant les fossés, les talus,
Et leur ombre autour d'eux bondit, flotte et s'allonge;
Et l'ennemi disait: « Que vont-ils donc oser?
Quel combat fabuleux viennent-ils proposer?
Nocturnes cavaliers, font-ils la guerre en songe?... »
Ils la font! Les voilà. Balayant le terrain,
L'escadron est entré dans la masse d'airain
Comme au lit d'un torrent les neiges en déroute!...
Épaississez vos rangs! entre-croisez vos fers!
Déchaînez la mitraille!... Ils passent au travers..
On leur a dit : « Allez. » Ils se taillent leur route.
Etc.
Emile Bergerat Les Cuirassiers de Reichshoffen 1871
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