La Lyre comique

Le Mirliton

À Théodore de Banville.

Lançons un nouveau poème
Tel que ceux qu'Edgar Poë aime.

Car sonner un bon sonnet
C'est travail de garçonnet.

L'ode est dans la marmelade
Et la ballade est malade.

Quoi vaut mieux? faire un rondeau
Ou cracher dans un rond d'eau?

Il faut donc de nouveaux rythmes
Au siècles des logarithmes.

Or voici le « Mirliton, »
A quoi bon gémir? Lit-on?



Balade

pour les pauvres inédits

Poète inédit qui colportes
Tes vers de Puteaux à Bercy,
Évite de frapper aux portes
De Didot et de Furne aussi.
Pour Dentu, n'en prends point souci,
Et d'Hachette fuis la chimère!
O mon frère, sache ceci :
Il n'est éditeur que Lemerre.

Hetzel? Il a trois saisons mortes!
Charpentier fils s'est endurci.
Malgré ses manières accortes
Ollendorf te dira merci.
Montre ton dos en raccourci
A tous ceux que je t'énumère.
Lévy par-là, Lévy par-ci.
Il n'est éditeur que Lemerre.

Jeune barde, quand tu t'exhortes
A braver le cruel sourcil
Et les dédains de toutes sortes
Qu'inspire le papier noirci,
Mieux vaut jouer au reversi,
Mourir ou commenter Homère.
Tu me dis : non! Je te dis : si!
Il n'est éditeur que Lemerre.

Envoi

Prince, quel temps que celui-ci!
Mais Ville-d'Avray montre un maire
Qui pour nous est un père aussi,
Il n'est éditeur que Lemerre.

Emile Bergerat
La Lyre comique
1860



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