Le premier extrait que je donne est signé par Léon Valade et Camille Pelletan. Dans ses commentaires de l'Album, Pascal Pia nous dit que le poème, qui présente le compositeur Ernest Cabaner, est de Valade seul.
Cabaner.
Coupés par une raie infléxible et directe
Ses cheveux longs et plats se collent à son front
Qu'une moiteur douteuse et pluviale humecte
Et que beaucoup d'étés à peine sécheront.
Sa barbe fauve et roide a la rousseur suspecte
Des Dantes ayant vu ce que nuls ne verront.
Empereur, pape et roi, chef et seul de sa secte,
A disséquer les Dieux ses frères il est prompt.
Il est musicien sans payer de patente.
Il a fait le Pâté, cette chose épatante,
Il se nourrit de lait, de miel, de hareng-saurs.
Pâle, quand on le voit s'acheminer vers l'orgue,
On lui dit : Où tes pas s'en vont-ils? à la Morgue?
Ruisselant, il répond : « Je n'y vais pas, j'en sors. »
L. ValadeCamille Pelletan.
* * * * *
Ici Germain Nouveau nous parle de son ami Raoul Ponchon.
Sonnet sur R. P.
Quelle allure!
Sa panse a
Une enflure
de Pança;
Pour pellure
Il a sa
Chevelure
Comme ça!
Brun et jaune,
Sourit son
Oeil de faune
Polisson;
Mais sa bouche
Est farouche!
G. N.
* * * * *
Enfin, Raoul Ponchon parodie François Coppée.
Intérieur (d'omnibus).
Dans le lourd omnibus une place est vacante
Nous sommes trente-sept de moins qu'étant cinquante;
« Id est » treize : une femme, onze hommes, un moutard
Qui tète le sein blanc de la femme. Il est tard,
Et les vingt-deux quinquets des hommes s'illuminent,
Pendant que les chevaux lentement s'acheminent
Vers l'Odéon, qui doit jouer Le rendez-vous
Et je me dis avec raison : « Si l'un de nous
Doit mourir cette année, il est temps qu'il s'y prenne :
De la sorte il n'aura pas à donner d'étrenne. »
François CoppéeR. P.
L'Album zutique 1871-72 |