Nicklaus Kirschberg est batelier. Pour son dernier voyage, il doit descendre le Danube du Tyrol jusqu'à Budapest sur un train de bois. Ce sera un voyage mouvementé. On nous présente sa fille Frida.

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Frida est un aimable tyran, une reine qui n'a jamais abusé de son pouvoir, qui ne règne que par la douceur et le sourire, sans avoir jamais de caprices, et qui tient avant tout à voir son père heureux et gai.

Un corsage brun d'étoffe raide, une jupe rouge qu'un tablier relevé permettait de voir en partie, une sorte de guimpe ou de collerette blanche au cou et de larges manches bouffantes laissant les bras nus jusqu'aux coude, tel était le costume de Frida; et la robuste fille du Danube aux joues fraîches et colorées, battues par le courant d'air vif du fleuve, apparaissait comme une claire aquarelle, ainsi encadrée par les planches de la cabane. En arrière, s'apercevaient un peu de deux longues nattes blondes qui remuaient à chaque mouvement de la tête.

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Puis on introduit les deux servantes du radeau.

Les deux servantes affairées achevaient, l'une d'allumer le feu de la cuisine en plein air sous un abri de planches, et l'autre de tordre le linge de sa lessive qu'elle plaçait sur des cordes tendues entre la cabine et la cuisine.

Elles portaient, admirablement on peut le dire, les jolis noms de Kunégonde et de Pétronilla; c'étaient deux énormes gaillardes, grandes, épaisses et larges, Kunégonde surtout, pieds nus et bras nus, des bras capables, eux aussi, de manier les rames gigantesques du radeau. L'une fendait son bois, l'autre bousculait son baquet; elles chantaient toutes deux, tout en se dépêchant, Kunégonde sur un air lamentable les malheurs d'une jeune fille enfermée par un père barbare dans un souterrain, parmi les crapauds et les araignées, Pétronilla une chanson joyeuse où il était question de danses et de vin de Hongrie; et chacune cherchait à démontrer à l'autre la supériorité de son talent musical.

Etc.

Albert Robida
Le Patron Nicklaus
1909