Cabassol — le héros du roman — et Me Taparel — notaire et exécuteur testamentaire de feu le cousin de son compagnon — visitent le peintre impressionniste Bizouard. Cabassol et Me Taparel se laissèrent tomber sur un large divan rouge et prirent les cigarettes que leur offrait Bizouard; l'illustre maître s'étendit dans un fauteuil américain, tenant la palette d'une main et de l'autre une longue pipe turque. Pendant qu'il se perdait dans la contemplation des spirales de la fumée bleue qu'il lançait autour de lui dans toutes les directions, les deux visiteurs examinaient l'atelier immense et élégant du Raphaël de l'impressionnisme. Au centre de l'atelier, se dressait le chef-d'oeuvre en fabrication, splendidement encadré dans une large bordure d'or et flanqué de deux grandes plantes tropicales dans des vases de faïence bleue; sur d'autres chevalets, des toiles terminées ou commencées seulement, donnaient des taches bizarres, des effets de couleur terrifiants, de véritables feux d'artifice éclatant en fusées jaunes, bleues, vertes ou rouges. Au centre de l'atelier, sur une grande table du XVIième siècle, parmi des fouillis de gravures, d'étoffes orientales et de japonaiseries, trônaient, dans une attitude pleine de fierté, deux immenses bottes de gros cuir noir, non pas des bottes artistiques des temps passés, des bottes gothiques et archéologiques, mais bien d'ignobles bottes du plus pur XIXième siècle, des bottes naturalistes d'égoutier. Les murs de l'atelier étaient du haut en bas garnis d'esquisses et de pochades, portant toutes la patte du maître; dans le fond s'élevait un escalier de bois, aux balustrades finement tournées, conduisant à une petite pièce base de plafond, bondée de débarras et de chef-d'oeuvres retournés contre le mur. Etc. Albert Robida |
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