Les écrivains québécois francophones
au dix-neuvième siècle




Les débuts de l'histoire de la littérature francophone québécoise sont un peu confus. Si au temps de la Nouvelle-France des français écrivaient des souvenirs de voyage1, ce n'est qu'après et largement en réaction contre la conquête anglaise en 1763, et plus particulièrement suite à la révolte avortée de 1837, que les canadiens français vont se créer une littérature.

Suite à la Rébellion des Patriotes, le gouverneur anglais Durham2 publia un rapport où il décrivit les canadiens-français comme un peuple « sans histoire et sans littérature » devant être assimilé par la minorité anglophone. Dès 1837, Philippe Aubert de Gaspé (fils)3 publie le premier roman canadien-français: L'Influence d'un livre4, inspiré des romans gothiques.

À la même époque, François-Xavier Garneau5 publie son Histoire du Canada. Octave Crémazie6 et Pamphile Le May7 s'inspirent du mouvement romantique. Avec Antoine Gérin-Lajoie8 et quelques autres, ils formeront l'école littéraire de Québec. Puis viendront Philippe Aubert de Gaspé (père)9, Hector Berthelot10, Louis Fréchette11 et Laure Conan12 .

Ce n'est que lors de la création du Canada en 1867 que le Québec prend le nom que nous lui connaissons aujourd'hui et vers la fin du siècle la littérature québécoise va prendre deux directions opposée, la littérature du terroir, supportée par l'Église catholique, qui présente une vision rurale, familiale et religieuse du Québec, et une littérature inspirée de la modernité française de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, mais avec quelques dizaines d'années de retard. Cette division donnera naissance à ce qu'on a appelé la querelle des exotiques et des régionalistes.

La littérature de terroir est peut-être le mieux représentée par Louis Hémon13, un écrivain français émigré au Canada, et son roman Maria Chapdelaine. Elle comprend aussi Lionel Groulx14 et Blanche Lamontagne-Beauregard15.

Le courant "exotique" aligne fameusement le poète Émile Nelligan16, qui sera avec Arthur de Bussières17, Charles Gill18 et plusieurs autres, membre de l'École littéraire de Montréal. Paul Morin19 et Guy Delahaye20, graviteront dans le même milieu.

Ces deux courants s'éteindront vers 1930 quand le Québec sombrera dans "la grande noirceur", mais nous voilà bien avancé dans le vingtième siècle et nous ne nous aventurerons pas plus loin.

1 - Notamment Jacques Cartier et Samuel de Champlain, mais aussi, entre autres, Louis-Armand de Lom d'Arce et Louis-Antoine de Bougainville.
2 - John George Lambton, comte de Durham (1792-1840) fût gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique de 1838 à 1839. Il publia son fameux et controversé rapport en 1839.
3 - Philippe Aubert de Gaspé (1814-1841) est dit "fils", car son père, qui portait le même nom, était aussi écrivain.
4 - Le roman sera éventuellement interdit par l'abbé Casgrain, avant d'être réédité en 1864 dans une version censurée sous le titre Le chercheur de trésor.
5 - François-Xavier Garneau (1809-1866) était historien et, outre ce livre publié en 1845, écrivit aussi de la poésie.
6 - Octave Crémazie (1827-1879) était libraire et écrivain, notamment de poésie patriotique, et est considéré comme le premier poète romantique du Québec (Wikipédia).
7 - Léon-Pamphile Le May (1837-1918) était romancier, poète, conteur, traducteur, bibliothécaire et avocat.
8 - Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882) est l'auteur de la chanson Un canadien errant (1842) et du roman Jean Rivard (1874).
9 - Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871) publia le roman Les Anciens Canadiens en 1863 (il est dit "père", voir note #3).
10 - Hector Berthelot (1842-1895), qui était journaliste, caricaturiste et humoriste, a publié Les Mystères de Montréal en 1879.
11 - Louis-Honoré Fréchette (1839-1908) était un poète, dramaturge, écrivain et homme politique, dont l'oeuvre principale est peut-être La Légende d'un peuple (1887).
12 - Marie-Louise Félicité Angers, dite Laure Conan (1845-1924) publie son texte le plus célèbre, Angéline de Montbrun, en 1882, le premier roman psychologique de la littérature québécoise (Wikipédia).
13 - Louis Hémon (1880-1913) s'est installé au Québec en 1911. Son roman le plus fameux, Maria Chapdelaine, a été publié de façon posthume en 1914.
14 - Lionel Groulx (1878-1967) était un prêtre catholique, professeur, historien, intellectuel nationaliste, écrivain et conférencier, ayant écrit deux romans.
15 - Blanche Lamontagne-Beauregard (1880-1958) est une femme de lettres québécoise connue pour avoir été la première poète du Québec ainsi que pour avoir été la première femme de la province à affronter la critique sans pseudonyme (Wikipédia). Son recueil principal est aussi son premier: Visions gaspésiennes (1913).
16 - Émile Nelligan (1879-1941) est un poète influencé par le symbolisme et probablement l'écrivain le plus fameux du Québec, sorte de poète maudit ayant souffert de schizophrénie et n'ayant écrit que dans sa jeunesse, ne publiant qu'au tournant du siècle.
17 - Arthur de Bussières (1877-1913) est un poète dont les oeuvres ont été tardivement regroupées dans le recueil Les Bengalis.
18 - Charles Gill (1871-1918) était poète, conteur et peintre, auteur de poésie et de nouvelles.
19 - Paul Morin (1889-1963) était poète et a publié le recueil Paon d'émail en 1911.
20 - Guy Delahaye (1888-1969) était poète et a publié Les Phases en 1910.



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