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Las! ce n'est pas pour moi que l'on voit chez Chenet
Des jambons mordorés, d'obèses mortadelles,
De lourds pâtés bâtis comme des citadelles
Dont je ferais si bien mes livres de chevet!
Saucissons de Lyon en habit de préfet,
Terrines, confit d'oie, ô chers nids d'hirondelles!
O gibier! Fruits, primeurs à nos climats fidèles,
Vous ne fleurissez pas pour moi dans le duvet!
Non, ce délicieux marchand de comestibles
N'étale pas ainsi ses mets irrésistibles
Pour mon dîner; je dîne avec un peu de pain.
Et, tandis, ô mon pauvre estomac plein de faim,
Que devant ce repas piteux tu te rebiffes,
Un pâté me sourit avec deux yeux de truffes!
Raoul Ponchon |
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