A Jean Loup Richepin. Quand le gigot paraît au milieu de la table, L'on se sent beaucoup mieux, un charme vous pénètre, Tout un chacun voyant son appétit renaître, On avait bien mangé mille riens-d'oeuvre et autre Bravo! c'est un gigot! Une servante brave Vient d'entrer, dans ses bras portant, robuste et grave, Alors, l'amphitryon, le père de famille Il l'est - n'en doutez pas, et chacun le proclame, Dès qu'il a vu plonger une invincible lame Son sang de tout côté ruisselle en filets roses. Des convives, muet tout à l'heure et morose, S'épanouit, du coup, débite mainte prose, Il ne faut bien souvent une soupe ratée, Le gigot vient, voici que la gaîté s'échappe. On rit, on cause... l'un demande l'«oeil du pape», l'un voudrait du «saignant», l'autre du «cuit», problème Le propre d'un gigot, cuit selon le principe, Étant de satisfaire au goût de chaque type, Quelquefois on cause Art, Science, Politique, Arrive le gigot... adieu les grandes phrases! Chacun à son voisin dit: assez.. tu me rases! * * * Vous êtes, ô gigot! le plat de résistance, Une côte de boeuf n'est pas pour me déplaire, Tout de même c'est encore vous que je préfère, Votre chair est savante. En la verte prairie, Vous êtes tendre plus qu'une jeune épousée, Gigots d'agneaux! argile idéale, et rosée Lorsque vous gambadiez aux profondes vallées, Vous étiez des «Jésus» que la grâce décore; Mais vous êtes bien plus attendrissants encore Aussi, vous mange-t-on par pure gourmandise, Car, ainsi que l'a dit un docteur en Sorbonne Vit-on jamais gigot faire mal à personne? |
Absinthe, je t'adore, certes! Ton frais parfum me déconcerte. Qu'importe, ô recours des maudits! Et si, devant que j'entre au port, Raoul Ponchon |
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