Ce livre contient des textes peut-être originaux et d'autres venant certainement d'autres publications de Karr, notamment de ses deux premiers romans. Il semble qu'il était courant à cette époque de "recycler" ses textes. ... C'était dans une maison de la rue Vivienne, no 8, je crois; il doit y avoir encore une terrasse au fond de la cour, sur cette terrasse est un logement composé d'un grand atelier de peinture et de trois petites chambres. Quand on est arrivé on a gravi sept étages, mais sept étages tellement longs, que chacun est coupé en deux par un carré. Aussi les habitants de la terrasse ne se faisaient-ils aucune faute de dire qu'ils demeuraient au quatorzième. L'atelier avait à peu près dix-huit pieds de haut, et trente pieds en carré; il était meublé de tableaux sans cadres et de cadres sans tableaux, de fauteuils en bois sculpté recouverts de velours pourpre et de chaises de paille, sans paille et sans dossiers; sur une table on voyait des assiettes du Japon de la plus grande beauté, dans lesquelles on avait mangé pour deux sous de fromage de Brie. Vous auriez difficilement trouvé un couteau, mais il y avait, accrochés aux murailles, des yatagans et des poignards à lames de damas et à poignée richement ciselée. Un lit du temps de la renaissance, à colonnes torses, à rideaux de brocatelle ponceau et bleue, livrait aux regards trop curieux un mauvais petit matelas mince comme la main, et une vieille couverture de laine trouée. Sur un chevalet, des habits de velours et de soie du temps de Henri III, sur un autre le seul habit du maître de l'atelier, noir, usé, râpé, blanc sur les coutures, amolli, et ayant un air de désespoir et de découragement qui faisait pitié. Une porte ouverte dans un mur d'une formidable épaisseur, servait autrefois de communication entre l'atelier et une des trois pièces composant le reste du logement. Etc. Alphonse Karr |
Retour à Alphonse Karr
Vers la page d'accueil