Godeuil est étudiant en médecine. Il a fait la connaissance de son voisin, monsieur Méchinet dont la vie ne semble pas tout à fait régulière. Le voici justement qui rentre. Une nuit, je dormais profondément, quand soudain on frappa à ma porte à coups précipités. Je me lève, j’ouvre… Monsieur Méchinet entre, ou plutôt se précipite chez moi, les vêtements en désordre et déchirés, la cravate et le devant de sa chemise arrachés, la tête nue, le visage tout en sang… — Qu’arrive-t-il ? m’écriai-je épouvanté. Mais lui, me faisant signe de me taire : — Plus bas !… dit-il, on pourrait vous entendre… Ce n’est peut-être rien quoique je souffre diablement… Je me suis dit que vous, étudiant en médecine, vous sauriez sans doute me soigner cela… Sans mot dire, je le fis asseoir, et je me hâtai de l’examiner et de lui donner les soins nécessaires. Encore qu’il y eût eu une grande effusion de sang, la blessure était légère… Ce n’était, à vrai dire, qu’une éraflure superficielle partant de l’oreille gauche et s’arrêtant à la commissure des lèvres. Le pansement terminé : — Allons, me voilà encore sain et sauf pour cette fois, me dit monsieur Méchinet. Mille remerciements, cher monsieur Godeuil. Surtout, de grâce, ne parlez à personne de ce petit accident, et… bonne nuit. Etc. Émile Gaboriau |
Retour à Émile Gaboriau
Vers la page d'accueil