L'École romane




Je n'ai pu trouver que peu de textes sur l'école romane. Le 13 septembre 1891, Le Figaro a publié un article sur cette école, auquel le lendemain Jean Moréas a répondu. Voici sa réponse.

Le Figaro de ce matin m’attribue au sujet de l’École romane française une conversation dont je ne saurais assumer les termes violents. Vous me permettrez donc de donner en quelques mots les éclaircissements que voici :

L’École romane française revendique le principe gréco-latin, principe fondamental des Lettres françaises qui florit aux onzième, douzième et treizième siècles avec nos trouvères, au seizième avec Ronsard et son école, au dix-septième avec Racine et La Fontaine. Aux quatorzième et quinzième siècles, ainsi qu’au dix-huitième siècle, le principe gréco-latin cesse d’être une source vive d’inspiration et ne se manifeste que par la voix de quelques excellents poètes tels que Guillaume de Machaut, Villon et André Chénier. Ce fut le romantisme qui altéra ce principe dans la conception comme dans le style, frustrant ainsi les Muses françaises de leur héritage légitime.

Je ne puis m’étendre davantage sur cela dans cette courte lettre; je dirai seulement que l’École romane française renoue la « chaîne gallique » rompue par le Romantisme et sa descendance parnassienne, naturaliste et symboliste.

J’ai déjà expliqué ailleurs pourquoi je me sépare du symbolisme que j’ai un peu inventé. Le symbolisme, qui n’a eu que l’intérêt d’un phénomène de transition, est mort. Il nous faut une poésie franche, vigoureuse et neuve, en un mot, ramenée à la pureté et à la dignité de son ascendance.

C’est dans ce noble but que les poètes Maurice du Plessys, Raymond de La Tailhède, Ernest Raynaud, et le savant critique Charles Maurras sont venus à moi, non en « escorte », mais pour avoir trouvé dans mon Pèlerin passionné les aspirations de leur race et notre commun idéal de Romanité.

Je finirai en disant que quant à feu Jules Laforgue, je ne pense pas que mes plus outrecuidés adversaires aient jamais songé à me l’opposer sérieusement.

* * * * *

Il semble que Frédéric Amouretti (1863-1903) et Lionel des Rieux (1870-1915) aient aussi été membres de l'école.



Vers la page d'accueil